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Dans l’arc lémanique, économie et Hautes écoles ont besoin de la 5G pour continuer d’innover

25 mars 2022

 

En Suisse, CHANCE5G dispose de cinq bases qui s'engagent en faveur la 5G dans leur région et entretiennent un dialogue basé sur des faits. Dans une série d'interviews, des personnalités expliquent comment se présente l’évolution de la 5G dans leur région, où se situent les points de friction et quelles sont leurs priorités. Claudine Amstein, directrice de la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI) et ambassadrice de CHANCE5G, évoque la situation dans la région Suisse romande.

Vous vous engagez, notamment au sein de CH
ANCE5G, en faveur de la 5G. Comment appréciez-vous la situation de votre canton dans ce dossier ?
Le déploiement de la 5G demeure trop lent en terres vaudoises. En raison du moratoire sur toute nouvelle antenne introduit par le Conseil d’Etat de 2019 à 2021, le canton de Vaud a pris un retard considérable dans ce domaine, ce qui est clairement préjudiciable pour l’économie qui fonde de grands espoirs dans cette technologie. Début novembre, selon les chiffres l'Office fédéral des télécommunications (OFCOM), notre pays comptait près de 6650 antennes. C'est très insuffisant aux yeux des opérateurs, qui visent à terme 30'000 antennes pour introduire la 5G à pleine puissance dans tout le pays.

Depuis le début de l'année, quelque 1650 nouvelles antennes ont été activées. Il s'agit pour l'essentiel d'antennes 4G transformées en 5G, afin d'éviter les oppositions. A titre d’exemple, le canton du Jura compte 10,6 antennes 5G pour 10’000 habitants, alors que Vaud n’en compte que 7,2. Il faut maintenant aller de l’avant pour doter notre pays d’un réseau mobile performant qui permettra à l’industrie de développer son savoir-faire. Il faut absolument éviter les surcharges de réseau. 

Il y a eu des moratoires cantonaux en particulier dans les cantons de Vaud et Genève, des demandes de moratoires de cantons romands remontées jusqu’au Parlement fédéral (et refusées) : la Suisse romande est-elle plus sceptique que le reste de la Suisse ? Comment ça s’explique ? 

Les faits montrent effectivement que les Romands semblent plus sensibles à la problématique des ondes que les Alémaniques. En décembre dernier, au Parlement fédéral, les sénateurs ont effectivement refusé de donner suite à trois initiatives des cantons de Genève, du Jura et de Neuchâtel. Ces derniers demandaient d’édicter un moratoire dans l’attente d’une vue d’ensemble de l’exposition de la population au rayonnement. Ces trois initiatives ont également été rejetées par le National lors de la session de printemps qui vient de s'achever. 

En 2019, un sondage effectué par « L’Illustré » auprès de ses lecteurs montrait que la 5G faisait peur aux Suisses, en particulier aux Romands. 60% de ces derniers étaient contre ou plutôt opposés, contre 37% des Alémaniques. 65% des Romands interrogés craignaient que la 5G n’affecte leur santé, contre 51% en Suisse alémanique. Les femmes sont les opposantes les plus virulentes. Difficile de trouver une explication à ce « Röstigraben » numérique. Il me semble cependant qu’au gré des études, qui démontrent que cette technologie n’est pas dangereuse pour la santé, les sceptiques vont finir par comprendre les atouts qu’elle nous offre.

Le climat est-il maintenant apaisé ? 

Les projets pilotes commandés par le canton de Vaud pendant le moratoire ont pu être menés à terme sur deux des installations testées et le rapport d'évaluation montre que la méthode de mesure des valeurs limites mise à disposition par la Confédération est «adaptée pour un contrôle sur le terrain et fournit des résultats exploitables», a indiqué l'Etat de Vaud en automne 2021.

Il restera bien entendu des citoyens opposés fondamentalement à la 5G qu’il sera impossible à convaincre. Je pense toutefois que le scepticisme va céder à terme le pas à la raison. 

Le canton de Genève a été pendant longtemps très restrictif envers la 5G, et maintenant il semble plus progressif que le canton de Vaud dans ce dossier. Comment l’expliquer ? et le canton de Vaud va-t-il suivre la tendance ?

Les autorités vaudoises se sont abritées derrière le principe de précaution afin de s’assurer que la 5G ne représentait pas un danger sanitaire, ce qui peut se comprendre de la part d’une collectivité publique. Il reste qu’aucune étude n’a démontré la dangerosité des ondes diffusées par les antennes. Les tests auxquels les installations, notamment vaudoises, ont été soumises, démontrent qu’il n’existe pas de danger avéré pour l’être humain. À ce jour, selon le rapport fédéral « Le cancer en Suisse », aucun facteur environnemental ou comportemental n’a été identifié comme facteur de risque pour les tumeurs du cerveau et du système nerveux central. Aucun lien n’a pu être démontré avec l’exposition aux champs électromagnétiques. À la lumière des nombreuses études internationales réalisées, cela concerne aussi l’utilisation de téléphones mobiles. Ces faits vont permettre d’avancer dans ce dossier crucial pour notre économie, dans le canton de Vaud également.

Que faudrait-il faire pour accélérer le développement de la 5G dans l’Arc lémanique ?

En dépit des mouvements d'opposition que l’on observe çà et là, des antennes 5G ont désormais été installées dans près de trois communes sur quatre en Suisse, d'après une analyse de la RTS datant de novembre dernier. Les opérateurs sont prêts à investir pour rattraper le retard que la Suisse a accumulé. La Confédération doit continuer de parier sur cette technologie et les cantons s’abstenir d’intervenir, d’autant plus que ce domaine relève de la compétence fédérale. 

Pourquoi la 5G est-elle importante pour la Suisse romande, l’Arc lémanique en particulier, et en quoi la région en profiterait ?

L’économie de l’arc lémanique, très versée dans la numérisation et l’innovation, attend avec impatience le déploiement d’une technologie indispensable pour développer l’internet des objets connectés et de nombreuses innovations prometteuses permettant, notamment, de réaliser d’importantes économies d’énergie. Une connexion sans fil stable et sûre avec des temps de réaction courts est essentielle. 

Nous sommes fiers de nos Hautes écoles, mais elles ont besoin de la 5G pour continuer d’innover, tout comme le secteur de la santé d’ailleurs, qui bénéficie de nouveaux moyens technologiques nécessitant le recours à la 5e génération de la téléphonie mobile. La 5G offre des opportunités dans le secteur industriel (développement de nouvelles applications pour augmenter la productivité, améliorer la planification des ressources ou rendre plus efficients les processus de production), de la santé (transmission en temps réel des données vitales, télésurveillance sanitaire), de l’énergie (surveillance et prévisibilité des flux des énergies renouvelables, régulation des systèmes de chauffage, des stores ou de la climatisation), etc.

L’augmentation de la productivité procurée par la 5G consolidera en outre la position des entreprises suisses face à une concurrence internationale féroce. Elle permettra à l’industrie de notre pays de rester compétitive en comparaison internationale. Des sociétés resteront ainsi en Suisse alors que d’autres viendront s’y implanter avec, à la clé, le maintien et la création d’emplois. 

Les communes sont en première ligne dans ce dossier. Quel soutien faudrait-il leur apporter ?

Suite aux réticences d'une partie de la population, le Conseil fédéral a chargé l’Office fédéral de l’environnement d’élaborer une aide à l’exécution relative aux antennes adaptatives, en décembre 2021. Le document sert de directive aux autorités octroyant les autorisations pour calculer le rayonnement de ces antennes. En décembre dernier, le Conseil fédéral a décidé d’inscrire certains éléments de cette aide dans l’ordonnance sur la protection contre le rayonnement non ionisant (ORNI). De cette manière, la Confédération va permettre d’accélérer les choses. Les collectivités publiques disposent désormais d'un instrument qui va permettre aux opérateurs de déployer plus aisément leur réseau 5G. Le revers de la médaille est que pour continuer à respecter les valeurs limites prescrites par l’ORNI, ces derniers devront installer plusieurs milliers d’antennes supplémentaires.
Pour le reste, j’estime nécessaire de mieux communiquer auprès des communes sur les avantages en matière d’économies d’énergie, notamment, et de bien informer la population sur les enjeux liés à la 5G. Il existe un déficit de compréhension.

Un préjugé tenace sur la 5G que vous souhaiteriez dissiper ? 

Un certain nombre de personnes estiment que la 5G est superflue et que la 4G suffit amplement à leur bonheur. Il reste que les réseaux actuels sont saturés : pour faire face à la demande croissante de l’économie et – aussi – des particuliers (la population augmente constamment), le déploiement de la 5G est indispensable. Elle est d’ores et déjà beaucoup plus rapide que la 4G. C’est la société dans son ensemble qui bénéficiera de cette avancée technologique.

Quelle serait une application concrète de la 5G absolument indispensable selon vous ?

La 5G est indispensable pour permettre aux zones à faible densité de population, où la connexion par fibre optique n’est pas possible ou est trop coûteuse, d’avoir également accès à un internet hautement performant. La fracture numérique entre la ville et la campagne sera ainsi réduite. L’innovation ne concerne pas seulement les grands centres. Le télétravail sera également facilité. Les localités et villages plus reculés deviendront des lieux de travail idéaux, ce qui permettra d’enrayer l’exode rural et d’attirer de nouveaux habitants.

 


Claudine Amstein, ambassadrice de CHANCE5G
Claudine Amstein est directrice de la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI). Comme ambassadrice de CHANCE5G, elle s’engage pour un déploiement global de la 5G en Suisse romande et encourage les utilisateurs à voir les avantages de la 5G pour la société. Elle attend avec impatience le déploiement de cette technologie indispensable, notamment, pour le développement de l’internet des objets connectés et de nombreuses innovations prometteuses dans le domaine des économies d’énergie. 

 

Thibault Castioni: responsable de la base de CHANCE5G pour la région Suisse romande
Thibault Castioni est responsable de la base de CHANCE5G dans la région Suisse romande. Il met en réseau les différentes parties prenantes et observe attentivement l’évolution du climat par rapport à la 5G. Il veille à ce que le dialogue s’engage sur des faits et non des a priori.

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