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La 5G divise l’opinion publique – tout en étant soutenue par la gauche comme par la droite. Pourquoi ?

16 décembre 2020

Le traditionnel clivage gauche/droite structure souvent le débat politique en Suisse. La 5G fait exception : la nouvelle norme de téléphonie mobile suscite des discussions émotionnelles, mais trouve des partisans et des opposants des deux côtés de l’échiquier politique. Deux ambassadeurs de CHANCE5G, la conseillère nationale Edith Graf-Litscher (PS/TG) et le conseiller national Thomas Hurter (UDC/SH) expliquent pourquoi ils s’engagent en faveur de la 5G.

L'enquête GFS sur le 5G a révélé qu’une majorité de Suisses était favorable à la 5G. Comment jugez-vous la situation politique ?

Graf-Litscher : Ces résultats ne m'ont pas étonnée. La 5G est importante pour le service public et pour une infrastructure numérique tournée vers l'avenir. Si nous n'investissons pas aujourd'hui, la Suisse aura un retard sur le plan international demain. Cependant, il y a encore beaucoup de travail d’information pour convaincre la population, car de son point de vue, tout fonctionne bien actuellement. Les évolutions technologiques ont toujours divisé l’opinion publique. Certaines personnes adhèrent totalement, tandis que d'autres n'en voient pas encore l’utilité ou expriment des inquiétudes en matière de santé. Je souhaite contribuer à un débat objectif, montrer les avantages de la 5G et les mesures prises pour préserver la santé. Beaucoup de gens ignorent les nombreux avantages de la 5G, par exemple le fait qu’un plus grand volume de données génère moins de rayonnements.

Hurter : Nous sommes confrontés au même défi lors de nos discussions avec la base de l'UDC. L’utilité immédiate de la 5G reste peu évidente du fait qu’en ce moment, la téléphonie mobile fonctionne parfaitement. J'essaie de montrer que le déploiement de la 5G sert aussi à garantir le statu quo en matière de stabilité de la couverture de téléphonie mobile et, qu’à l’instar de l'approvisionnement en électricité, celle-ci constitue une infrastructure essentielle. La dernière analyse nationale des risques de l'Office fédéral de la protection de la population (OFPP) a qualifié toute défaillance de la téléphonie mobile de troisième principale menace pour la Suisse. Dans le même temps, le volume des données double tous les 18 mois. Nous ne pouvons pas attendre et observer ce qui se passe en cas de surcharge subite du réseau de téléphonie mobile.

Quels sont les avantages les plus connus de la 5G et qu’elles sont ceux qui sont négligés dans le cadre du débat ?

Hurter : Je vois un fort potentiel en matière d'automatisation du trafic. Une communication fiable en temps réel entre les véhicules peut réduire les bouchons, diminuer les émissions de CO2 et augmenter la sécurité. De plus, le trafic généré par la recherche de places de parc dans les villes peut diminuer si les automobilistes ont accès à des données indiquant les places libres. 

Graf-Litscher : Je veux montrer que la téléphonie mobile fait partie du service public. L'accès à un Internet stable et rapide contribue à l'égalité des chances, tant pour les citoyens que pour les régions. Comme partout ailleurs, une planification et une mise en œuvre rapides des infrastructures sont nécessaires pour garantir cet accès à tous les Suisses à l'avenir. Dans le domaine de la mobilité, nous planifions également à long terme, en combinant le rail et la route. Il devrait en être de même pour la couverture internet par fibre optique et la 5G.

Pourquoi est-il si important de poursuivre le déploiement de la 5G ?

Graf-Litscher : Nous devrions être guidés par les opportunités et non par la peur. Au XIXe siècle, les gares étaient souvent construites en dehors des villes par crainte des locomotives à vapeur. Aujourd'hui, la planification de ces infrastructures serait différente. Si nous voulons tirer le meilleur parti de la capacité d'innovation de notre pays, nous avons besoin de la 5G. Nous nous trouvons face à des défis majeurs dans les domaines de l'environnement, du climat et de la santé, où la 5G peut apporter une précieuse contribution. Par exemple dans l'agriculture, via la réduction des pesticides grâce aux données et aux senseurs, ou dans les soins de santé grâce à la télémédecine et à l'amélioration des échanges de données, qui permettent de rester plus longtemps chez soi et accroissent la sécurité des patients.

Hurter : Nous le savons tous : qui n’avance pas recule. Notre pays doit rester compétitif. Ainsi avons-nous besoin, partout, de solutions meilleures et plus efficaces, et cela passe par le numérique. Ceci vaut pour l'industrie, la construction, la mobilité et la production d’électricité. La téléphonie mobile 5G est un prérequis fondamental. Il n'est donc pas surprenant qu'un si grand nombre d'associations professionnelles différentes soutiennent CHANCE5G. En fin de compte, tous ces secteurs dépendent des télécommunications mobiles. 

Malgré cela, le déploiement de la 5G est ralenti. C’est où que ça coince politiquement et qu’est-ce qu’il faudrait faire ? 

Graf-Litscher : D’un point de vue scientifique, la 5G n’est pas du tout problématique. La Présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga l'a souligné récemment. Mais nous devons inspirer plus de confiance et informer les citoyens. C'est pourquoi, lors de la session parlementaire d'hiver, j'ai demandé où en était le Conseil fédéral dans sa campagne d'information et de sensibilisation sur la 5G qu'il avait annoncée en avril. Non seulement le Conseil fédéral, mais nous aussi, les parlementaires, en portons la responsabilité. C'est pourquoi le projet CHANCE5G est important. Un dialogue est nécessaire.

Hurter : Il faut informer la population, car ses craintes sont infondées. Les faits sont incontestables. L'OMS et une grande majorité des scientifiques sérieux et reconnus confirment que la 5G est sûre. Toutefois, il est nécessaire de mettre en œuvre la législation existante : la même gestion et la même base juridique s'appliquent aux nouvelles antennes 5G ou à la modernisation des antennes existantes, qu'à la 4G. Enfin, les mêmes valeurs limites prévalent. Il est inacceptable que des cantons s'opposent au droit applicable ou que des communes retardent les procédures d'autorisation. 

Quand disposerons-nous en Suisse d'un réseau 5G de qualité à l'échelle nationale ?

Hurter : Pour le moment, il s’agit de maîtriser la croissance des données et de mettre à disposition les bandes passantes nécessaires. Nous ne pouvons y parvenir qu'en combinant intelligemment la fibre optique et la téléphonie mobile. Il est difficile de faire des pronostics concernant le réseau 5G national, si important pour de nombreuses applications, notamment pour les services de secours ou des organes d’intervention en cas de catastrophe, mais nous devons nous y efforcer si la Suisse veut conserver sa compétitivité internationale.

Graf-Litscher : Cela dépend de notre capacité à informer factuellement la population. Parfois, j'entends les gens dire que nous devrions tout connecter via la fibre optique, ou exprimer la crainte que l’on n’investisse plus que dans la téléphonie mobile. Mais cela ne reflète qu’une partie de la réalité. Il ne s'agit pas de choisir entre la fibre optique ou la téléphonie mobile. Nous avons besoin des deux et de chacune au bon endroit.

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