La 5G, une chance particulière pour le Tessin
En Suisse, CHANCE5G dispose de cinq bases qui s'engagent en faveur la 5G dans leur région et entretiennent un dialogue fondé sur des faits. Dans une série d'interviews, leurs représentants expliquent comment se présente l’évolution de la 5G dans leur région, où se situent les points de friction et quelles sont leurs priorités. Le responsable de base Angelo Geninazzi évoque la situation au Tessin.
Quelle est la situation dans votre région en matière de couverture de téléphonie mobile et de déploiement de la 5G ?
Pour le moment, la situation au Tessin n'est certes pas dramatique, toutefois je ne la qualifierais pas d'optimale. Le déploiement de la 5G progresse lentement. Cette lenteur est due au droit d'opposition et de recours permettant à de petits groupes marginaux de s'opposer aux demandes de permis de construire dans les communes. Les antennes 5G ne peuvent être installées que si un tribunal donne son autorisation. Les retards qui s’accumulent dans le déploiement de la 5G sont de plus en plus inquiétants.
Au Tessin, rares sont les exemples où ce n'est pas un petit groupe marginal qui s'oppose à une antenne. La plupart du temps, ces groupuscules sont soutenus solidairement par des voisins, des parents, des amis ou des associations de quartier. Toutefois, je suis absolument convaincu que la majorité de la population n'a rien contre la 5G, mais qu'elle est dérangée par le choix de l'emplacement.
Comment percevez-vous le débat sur la 5G au Tessin ?
La discussion est délicate et dépend des demandes de permis de construire. Les opposants se servent systématiquement des médias pour faire connaître leur point de vue sur la 5G. Ce procédé empêche un débat équilibré et basé sur les faits.
Quelles sont au Tessin les incertitudes liées à la 5G et quels sont les préjugés que vous souhaitez dissiper ?
Au Tessin, les arguments des opposants sont les mêmes que dans le reste de la Suisse. Les détracteurs de la 5G se réfèrent souvent à l’insuffisance de connaissances sur le sujet. Ils sont fermement convaincus qu’aucune étude n’exclut les effets sur la santé humaine et animale. Parallèlement, en discutant avec les sceptiques, je constate qu'ils ne savent pas grand-chose au sujet de la 5G. Cela me rend optimiste, car il existe de nombreux arguments en faveur de la 5G, parmi lesquels la réduction de l'exposition aux rayonnements. Actuellement, les antennes émettent leurs champs électromagnétiques dans toutes les directions en même temps. Avec la 5G, les signaux sont pour la première fois envoyés exactement là où ils sont nécessaires. Donc, lorsque les appareils ne sont pas utilisés, l’exposition diminue. Cet argument, parmi de nombreux autres, est très convaincant.
Pourquoi n'y a-t-il pas plus de partisans qui s'engagent pour la 5G au Tessin ?
Il est plus simple d'être contre quelque chose que pour. Ces derniers mois, je n'ai vu personne manifester dans la rue en faveur de mesures visant à endiguer le COVID-19, alors qu'une nette majorité les soutient sans doute.
Mais il y a une autre difficulté : la plupart des gens n’ont pas conscience que, faute d’un déploiement de la 5G dans un délai raisonnable, des problèmes de stabilité du réseau se poseront, avec pour conséquence des trous de couverture et des saturations de données. Ces menaces n’étant pas encore perceptibles, de nombreux partisans de la 5G ne voient pas le problème.
Que faire pour accélérer l'introduction de la 5G au Tessin ?
La différence entre la 5G et la 4G doit être davantage examinée et débattue. Les progrès de la téléphonie mobile ont sans cesse amélioré la qualité de vie sans jamais la détériorer. Il est important d'aborder directement les questions de santé et de souligner que la nouvelle technologie de téléphonie mobile réduit l'exposition individuelle au rayonnement et offre toute une série d’opportunités pour protéger l'environnement et la qualité de vie. Comme nous l'avons déjà mentionné, la majorité de la population y est favorable, mais pour avancer dans le déploiement de la 5G, il faut inclure chacun dans le dialogue. En outre, les emplacements des nouvelles antennes doivent être choisis avec soin, en tenant compte de leur impact visuel.
Pourquoi la région du Tessin a-t-elle besoin d'une extension à la 5G et comment la région va-t-elle profiter de cette nouvelle technologie de téléphonie mobile ?
Il y a plusieurs raisons à cela, à commencer par la configuration géographique du Tessin : les nombreuses vallées et zones isolées du canton souffrent depuis des années des effets de l'émigration. L'émergence de nouveaux modes de travail couplée à la mise à disposition de la 5G permettraient de lutter contre ce phénomène. De plus, cela donnerait un nouvel élan aux régions périphériques qui ne bénéficient pas des avantages de la fibre optique. L'industrie et l'agriculture tessinoises profiteraient également de cette nouvelle technologie. Ce sont deux domaines où la 5G offre un énorme potentiel. Peu de régions en Suisse sont aussi « aptes » à utiliser cette nouvelle technologie que le Tessin.
Quel est le rôle des communes dans le développement de la 5G et comment les soutenir ?
Le rôle des communes est aussi fondamental que difficile. Elles sont en première ligne des critiques et des pressions des opposants. De plus, elles sont les premières impliquées dans l'approbation des demandes de permis de construire. Au Tessin, toutes les communes ne gèrent pas cette situation de manière optimale. On devrait les soutenir dans le développement de la 5G. Elles doivent disposer des bonnes informations et être au courant de tout ce qui est lié à l'installation d'une nouvelle antenne. De plus, il faut leur expliquer de manière crédible et honnête pourquoi une collaboration étroite avec les opérateurs est nécessaire. C'est la seule façon de faire comprendre aux communes le besoin et l'urgence de nouvelles solutions. C'est aussi dans leur propre intérêt.
Quelle est la position du canton du Tessin sur la 5G et dans quelle mesure le canton encourage-t-il son déploiement ?
Récemment, une série d'interventions parlementaires prévoyant un moratoire sur la 5G – dont une initiative cantonale – ont été rejetées par le Grand Conseil tessinois. Il s'agit là d'un résultat réjouissant. Toutefois, dans le même temps, une proposition qui demandait des conditions cadres plus favorables pour cette nouvelle technologie a été rejetée. La position du Parlement reflète celle du Conseil d'État. La 5G n'est actuellement qu'un sujet parmi d'autres. Il est traité, mais pas avec le degré de priorité requis. En d'autres termes, il s'agit davantage d'une question de procédure que d'une question politique.
Quels sont actuellement les points forts de votre activité de responsable de base ?
En tant que responsable de base, je recherche le dialogue avec les acteurs impliqués dans la procédure de permis de construire. Je suis actuellement en contact étroit avec les communes et les services techniques. Nous essayons de mettre en commun nos connaissances en matière de téléphonie mobile et de dernière génération 5G, afin de simplifier le procédé complexe relatif aux demandes et octrois de permis de construire. Une série de mesures est prévue pour rassembler des informations sur la 5G et apporter de la sécurité dans ce processus. Nous nous réjouissons de voir leur impact.
Que souhaitez-vous pour votre région ?
Une discussion plus objective, fondée sur des faits. Si le Tessin ne mène pas ce dialogue, nous risquons de prendre des retards supplémentaires que nous paierons cher plus tard. Pour la région du Tessin, la 5G est une opportunité qui profite à la région dans son ensemble.
Portrait
Angelo Geninazzi est responsable de base de CHANCE5G dans la région du Tessin. En tant que président de la commune de Melide/TI, il connaît les difficultés auxquelles les communes sont confrontées au moment de l'introduction de la 5G. C'est pourquoi Angelo Geninazzi cherche le dialogue avec les communes et les services techniques et les soutient dans leur communication active au sujet de la 5G.