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Initiatives populaires contre la téléphonie mobile, que veulent-elles ?

31 août 2020

Cinq comités d’opposants à la téléphonie mobile s’engagent aujourd’hui au niveau national en lançant des initiatives populaires contre la 5G et la téléphonie mobile dans leur ensemble. Que demandent ces initiatives et quelles en seraient les conséquences si le peuple les approuvait ? Nous proposons une vue d’ensemble et examinons les différents textes.

Les initiatives actuelles et leur statut :

CHANCE5G s’engage en faveur d’un dialogue constructif sur la 5G en Suisse. C’est pourquoi nous examinons en détail dans plusieurs publications du blog les initiatives populaires qui ont été formellement examinées par la Chancellerie fédérale et en sont déjà au stade de la collecte. Nous commençons avec l’« initiative populaire fédérale pour une téléphonie mobile respectueuse de la santé et économe en énergie » :

Les initiants ont pour but de « subdiviser la desserte en téléphonie mobile entre espace extérieur et espace intérieur ». Le texte d’initiative contient douze points comportant différentes exigences pour « la protection contre le rayonnement non ionisant ». Trois points auraient une influence significative sur notre infrastructure mobile actuelle :

2. […] la puissance […] des émetteurs de téléphonie mobile et des réseaux locaux sans fil doivent être abaissées de telle sorte que les immissions ne traversent plus l’amortissement par le bâtiment; à l’intérieur des bâtiments, les données doivent être transmises par câbles à fibre optique ou par câbles coaxiaux, et non pas par ondes électromagnétiques.

En fin de compte, cette exigence signifie deux choses. Premièrement, les antennes de téléphonie mobile ne devraient émettre qu’avec une puissance considérablement réduite. En effet, le signal ne devrait plus être mesurable même dans le bâtiment le plus proche. Il ne serait ainsi plus possible de garantir une réception fiable de la téléphonie mobile à l’extérieur. De plus, il faudrait des milliers de petites antennes, en particulier dans les villes. Ceci n’est ni économe en électricité, ni écologique. Cela augmenterait en outre considérablement le prix de la téléphonie mobile pour les consommateurs.

Deuxièmement, les appareils de téléphonie mobile ne pourraient être utilisés à l’intérieur que s’il y a un « réseau intérieur » dans un bâtiment. Dans le cas contraire, en entrant dans le bâtiment, la connexion serait rompue et nous ne serions plus joignables par téléphone ou ne pourrions plus recevoir de messages.

Les réseaux sans fil à l’intérieur n’est possible qu’avec des investissements conséquents

Paradoxalement, un tel réseau interne de bâtiment (WLAN ou micro-cellules) est rendu pratiquement impossible par le texte d’initiative :

4. la loi réglemente aussi les sources de rayonnement à haute fréquence de nature privée à l’intérieur des bâtiments pour qu’aucun rayonnement électromagnétique ne puisse pénétrer dans des locaux voisins.

On n’aurait le droit d’installer un réseau privé que si l’on veille à ce que les voisins ne soient pas touchés par le rayonnement mobile. C’est illusoire. Un signal mobile ne s’arrête pas aux limites d’une propriété. Les exigences ne pourraient être mises en œuvre qu’avec le remplacement d’appareils et des travaux de construction conséquents. Ceci entraînerait des coûts énormes et beaucoup de déchets électriques.

Pour la plupart des ménages, il ne resterait donc que la connexion par câble, ce qui est difficilement praticable. Imaginons l’entier des membres d’une famille de cinq personnes qui se trouveraient dans leur salon avec chacun un appareil connecté par câble. Les ménages situés dans les zones périphériques sans connexion à la fibre optique seraient ainsi carrément privés d’internet à haut débit. Il s’agit d’une entrave significative à la liberté individuelle.

Le vrai danger pour la santé

Alors que les aspects cités plus haut limitent gravement notre utilisation des smartphones et autres moyens de communication, le dernier point du texte d’initiative pourrait même coûter la vie :

12. les locaux des bâtiments publics tels que […] les hôpitaux, les établissements pour personnes âgées, les établissements pour personnes handicapées et les établissements médicosociaux, doivent être aménagés de façon à ce qu’ils soient exempts de tout rayonnement électromagnétique.

C’est précisément dans ce type d’établissements que d’innombrables applications sans fil sont déjà utilisées aujourd’hui pour sauver des vies. Pensez aux appareils médicaux mobiles dans les hôpitaux qui surveillent constamment l’état d’un patient et envoient immédiatement une alarme au biper d’un médecin en cas d’alerte. Pensez également aux bracelets d’appel d’urgence qui permettent aux résidents d’une maison de retraite d’alerter le personnel soignant après une chute. Toutes ces applications ne sont pas possibles avec des câbles.

Ce sont également ces établissements qui bénéficieront particulièrement de la 5G, l’analyse des données en temps réel permettant de mieux prendre en charge les patients. Des experts spécialisés peuvent se connecter à un diagnostic, à une opération ou à une thérapie de n’importe où dans le monde. Et des robots autonomes de soins rendent la vie des résidents de soins plus facile et plus sure.

Conclusion

Selon les connaissances scientifiques actuelles, la téléphonie mobile ne représente pas un risque pour la santé. Le « principe de précaution » voulu l’initiative est bien plus limitatif que les restrictions actuelles pour les fumeurs bien que les cigarettes soient cancérigènes, contrairement à la téléphonie mobile. Et même pour l’électrosensibilité présentée à tort par les initiateurs comme une « pathologie » à ce jour, il n’a pas été possible de trouver de preuves scientifiques d’un lien avec les antennes de téléphonie mobile.

Les revendications du comité d’initiative sont paternalistes et entraîneraient des restrictions massives dans la vie quotidienne sans aucun bénéfice scientifiquement prouvé. Cette initiative populaire nuirait gravement à la Suisse sans apporter de valeur ajoutée.

25.02.2021 : Le comité d'initiative a retiré l'initiative avec moins de 15'000 signatures. (Article BLICK)

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