Retour aux articles

Pour que les trains circulent, il faut des rails, de l'électricité et une radio ferroviaire hautement disponible

1 juin 2023

Interview avec Peter Kummer
Membre de la Direction du groupe CFF et responsable infrastructure


Les chemins de fer européens exploitent leur propre réseau radio. La technologie actuelle est basée sur la 2G et arrivera en fin de vie vers le milieu des années 2030. Afin que les trains puissent continuer à circuler au-delà de nos frontières, les CFF, sur mandat de la Confédération, remplacent cette technologie par la nouvelle norme européenne FRMCS (Future Railway Mobile Communication System) basée sur la 5G.

Dans cette interview de Peter Kummer vous découvrirez ce que les CFF en attendent et de quelle manière les clients du rail en bénéficieront. 

Pourquoi les CFF modernisent-ils leur radio ferroviaire?
L'objectif principal de cette modernisation est d'assurer la continuité de la radio ferroviaire mobile. De nos jours, la connectivité de nos applications opérationnelles est, avec les rails et l'électricité, la condition sine qua non pour que les trains circulent et pour garantir la sécurité du trafic ferroviaire.

La migration de la radio ferroviaire vers la 5G améliorera la connectivité. Elle permettra de nouvelles applications pour la commande des trains ainsi que pour les services d'optimisation de l'exploitation ferroviaire. Ce sont des éléments centraux pour la numérisation du rail.

En outre, une meilleure connectivité, ou plutôt une connectivité plus performante, influence grandement la mobilité du futur. D'une part, nous voulons et devons continuellement augmenter notre part dans la répartition modale afin de répondre à la croissance attendue du trafic. D'autre part, nous réaliserons des progrès en matière d'efficacité climatique et contribuerons ainsi aux objectifs climatiques de la Suisse.

Comment la radio ferroviaire des CFF sera-t-elle modernisée?
La radio ferroviaire sera modernisée grâce au futur système européen de communication mobile ferroviaire FRMCS (Future Railway Mobile Communication System), basé sur la 5G. Le remplacement à l'échelle nationale de l'ancienne technologie de radio ferroviaire GSM-R (Global System of Mobile Communication Rail) est un projet complexe. Nous devrons par exemple exploiter les deux réseaux en parallèle pendant plusieurs années, jusqu'à la mise en service complète du FRMCS, afin de pouvoir garantir à tout moment une grande disponibilité de la radio ferroviaire pour les applications mobiles cruciales pour les chemins de fer.

La couverture radio le long des lignes forme la base de cette modernisation. Pour pouvoir utiliser la future radio ferroviaire, nous devons transformer une partie des antennes existantes. De plus, les antennes seront plus nombreuses que pour la norme GSM-R actuelle, du fait que la portée du FRMCS est plus faible en raison d'exigences accrues et de nouvelles fréquences d’exploitation (1,9 GHz).

Dans le cadre de cette modernisation de la radio ferroviaire, nous prévoyons en outre une collaboration judicieuse sur le plan économique avec les opérateurs de téléphonie mobile entre Berne et Thoune. Ceci afin d'assurer une couverture de téléphonie mobile adaptée aux besoins du rail. Nous pourrons ainsi utiliser et exploiter efficacement les infrastructures et les équipements nécessaires le long du corridor ferroviaire.

Pourquoi les CFF misent-ils sur la 5G pour le développement de la radio ferroviaire?
Nous n’avons pas le choix de la technologie. Afin que les trains puissent emprunter les lignes transfrontalières, les chemins de fer européens misent tous sur la nouvelle norme FRMCS - et celle-ci est basée sur la 5G.

Pourquoi les CFF exploitent-ils leur propre réseau radio?
En Suisse comme en Europe, pour la communication entre les centres d'exploitation, les conducteurs de locomotive et le personnel d’accompagnement, les chemins de fer exploitent un réseau radio privé et sécurisé. Ce réseau radio, important pour l'exploitation, n'est pas accessible aux voyageurs et ne dépend donc pas des réseaux publics. Nous garantissons ainsi que les trains puissent continuer à circuler même lorsque les réseaux publics de téléphonie mobile sont surchargés.

Toutefois, la téléphonie mobile publique revêt également une grande importance pour les CFF et les voyageurs, notamment dans le domaine des services numériques à la clientèle et de l’accès à l’Internet mobile. De plus, de nombreux services d'assistance et d'optimisation du rail fonctionnent également via la téléphonie mobile publique.
 

 

Quelles améliorations attendent les voyageurs?
Grâce à une radio ferroviaire réactive, sans faille et sûre, ils bénéficieront d'un horaire plus dense et de trains plus ponctuels. De plus, l'Internet mobile est devenu une évidence pour les pendulaires. De nombreux clients ont besoin d’un «service sans heurts» et d’être «connectés en permanence». Cela signifie qu'ils veulent pouvoir utiliser le temps à leur disposition dans le train pour travailler, surfer ou regarder des vidéos en streaming. Les services ferroviaires tels que l'application CFF, l’InclusiveApp, le système d'information à la clientèle ou la gestion de l'occupation des trains nécessitent également une bonne couverture mobile.

Afin de satisfaire à long terme les besoins des clients, les CFF s'efforcent d'améliorer également la couverture mobile pour les voyageurs en collaboration avec les opérateurs de téléphonie mobile. 

Il subsiste aussi des inquiétudes concernant le rayonnement le long des lignes et dans les trains. Comment les CFF y répondent-ils?
Nous prenons en compte ces inquiétudes. Les antennes demandées par les CFF ne dirigent pas le signal radio vers des récepteurs individuels. Elles se focalisent sur le corridor ferroviaire et non sur les environs. Les sites d’antennes sont soigneusement évalués et sélectionnés. Il faut tenir compte de ce fait: plus le site est adéquat, moins il faut d'antennes.

Dans le train, l'exposition aux rayonnements se situe en dessous des valeurs limites définies et contrôlées par la Confédération et est comparable au rayonnement dans une ville. Ce qu’il faut savoir à cet égard: plus la réception dans le train est mauvaise, plus le rayonnement est élevé. Les compartiments climatisés sont des cages de Faraday, protégées contre les ondes électromagnétiques. Dans un train qui n’est pas équipé d'amplificateurs de signaux ou de vitres perméables aux ondes de la téléphonie mobile, l'exposition aux rayonnements augmente. En effet, un smartphone capte et émet à la puissance maximale lorsque le signal d'antenne est faible, ce qui implique davantage de rayonnement. Pour cette raison, une couverture de téléphonie mobile performante à proximité des voies ferrées est judicieuse et réduit l'exposition au rayonnement.

Quel est le calendrier de cette modernisation et quand les trains seront-ils équipés de la 5G?
L'objectif est une mise en œuvre de la modernisation de la radio ferroviaire dans toute la Suisse, probablement d'ici le milieu des années 30. Cet été, nous lancerons auprès de l'Office fédéral des transports une première procédure dite d'approbation ordinaire des plans pour le tronçon Berne-Thoune.

Comme nous l'avons mentionné, nos clients profitent déjà en partie de la 5G dans les trains, grâce à l'extension de la 5G par les opérateurs de téléphonie mobile et aux vitres perméables aux ondes de téléphonie mobile. En collaboration avec ces opérateurs, nous améliorons en permanence les connexions à l'intérieur et à l'extérieur du train ainsi que le long des lignes, afin de pouvoir répondre aux besoins croissants de notre clientèle.

Retour aux articles

Articles similaires

Tous les articles